lundi 26 octobre 2015

Lucifer



1 - Titre donné par Joost Van Vondel ( 1587-1679 ) à un poème tragique écrit en langue flamande, dépeignant la mutation du plus beau des anges en une créature hirsute et monstrueuse:

Comme la clarté du jour se change en une profonde nuit
Au moment où disparaît le soleil;
Ainsi, tandis que Lucifer tombe dans l'abîme,
Sa beauté se transforme en une laideur repoussante.
Son rayonnant visage devient un mufle féroce;
Ses dents, des pointes acérées, faites pour rougir de métal,
Ses pieds, des mains se changent en griffes;
Les couleurs irisées de son vêtement déviennent une peau noirâtre;




De son dos, hérissé de poils, partent deux ailes de dragon...
Son corps réunit en un seul monstre
Les formes hideuses de sept animaux :
Un lion plein d'orgueil



Un porc glouton et vorace



Un âne paresseux



Un rhinocéros enflammé de colère



Un singe lascif et sans pudeur



Un dragon rongé par l'envie



Un loup image de l'avarice sordide...



( texte mentionné et traduire par Louis Maeterlinck, Péchés primitifs, pp. 58-59 ).

2 - Mario Rapisardi devait dans son Lucifer, composé à la fin du XIX siècle, s'efforcer de rivaliser avec l'Hymne à Satan, de Carducci. Voici quelques extraits de son poème :

J'étais encore dans les cieux, beau de tous les rayonnements. La vie du ciel était sourire et lumière, parfums et harmonie, et tous étaient bercés dans une mer d'oisiveté et de fleurs, se disant bienheureux. Moi seul, esprit inquiet, indifférent à cet avril, à ce bouquet éternel, je sentais, dans mon âme superbe, un vide mystérieux, une mer sans bornes, comme une solitude infinie tout autour de moi, en moi : si j'avais connu l'amour, peut-être dans mon coeur je l'aurais reconnu, ce jour-là. Le ciel me parut une petite chose, misérable la vie de l'éternité ...
Je regardai fixement Dieu en face et j'osai l'interroger: Qui est-ce qui m'a fait ainsi? Il flamboya de fureur et d'éclairs, et ne me répondit pas. La vérité, repris-je, la vérité éternelle; je veux tout savoir; si tu es le Vrai, dévoile-toi ! Il lança la foudre; les anges tremblèrent, je tombai, mais sans lutter : je sentais que ma chute était plus noble que le dédain de Dieu ... Je rompis ma prison; je cherchai l'air vif, la lumière de la terre; qui aurait pu mettre un frein à mon esprit ? Jéhovah m'avait foudroyé, mais non vaincu. Une secrète pensée me disait : c'est sur la terre qu'est ta destinée; C'est là le champ de tes exploits; c'est là, au milieu de tant de haines, qu'est l'amour; c'est là, au milieu de tant de morts, que la vie deleure...

( Voir : Hymne à Satan, Litanies de Satan ).





Lucifer 666 King  👑 

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